La Deuxième Guerre Mondiale
Minutieusement préparée depuis des mois et précédée d’une formidable préparation aérienne, l’opération Overlord peut être considérée comme réussie au soir du jour J : à l’Est de la zone de débarquement, les Anglais et les Canadiens ont établi une tête de pont sur les plages qui leur étaient assignées. A l’Ouest, malgré les terribles pertes subies a Omaha Beach par les Ier et 29e divisions d’infanterie, les hommes de l’armée américaine disposent de solides positions. A Utah Beach, la 4e division d’infanterie a pu débarquer sans grande difficulté, même si elle s’est, depuis, quelque peu embourbée dans les zones inondées de l’arrière-pays. Quant aux 82e et 101e Airborne, une certaine confusion a suivi leur largage de part et d’autre de Sainte-Mère-Eglise mais, paradoxalement, la dispersion des parachutistes U.S. a surpris l’ennemi, qui, du coup, ne sait pas où porter son effort.
Tandis que les Anglo-Canadiens du général Dempsey ne progressent que très lentement face aux unités de panzers rameutées par les Allemands, les Américains réussissent à atteindre leurs objectifs dans d’assez bonnes conditions au cours des semaines suivantes. La prise d’Isigny et de Carentan ouvre la route du Cotentin et, malgré les réactions de la 17e division de panzers SS « Götz von Berlichingen, » les boys vont parvenir, dès le 18 juin, sur la côte occidentale de la presqu’île. A la fin du mois, Cherbourg est tombé aux mains de l’armée américaine.
Malheureusement, les installations portuaires ont été complètement sabotées par les Allemands avant leur reddition et, contrairement aux attentes des responsables de la logistique, elles ne peuvent pas prendre le relais des ports artificiels d’Arromanches et d’ Omaha Beach, dont une violente tempête vient de révéler la fragilité. Grâce aux prouesses accomplies par les unités du génie U.S., elles seront remises en service dans des délais inespérés. Mais Cherbourg ne peut suffire à alimenter la formidable machine de guerre alliée, qui, deux mois après le Débarquement, comptera près de 2 millions d’hommes, 500 000 véhicules et 3 millions de tonnes de matériel. II est donc urgent de lancer une opération d’envergure en direction de la Bretagne et de s’assurer le contrôle d’une partie du littoral de la Manche et de l’Atlantique pour disposer d’une façade maritime suffisamment large. Plusieurs semaines durant, les Américains vont livrer une épuisante « bataille du bocage » sur un terrain qui favorise la défensive et qui ne leur permet pas de profiler à plein de leur écrasante supériorité matérielle. Fin juin, le total de leurs pertes se chiffre à 22 000 hommes. Le 18 juillet, quelques jours après la prise de Caen par les Anglais, Saint-Lô, dont les défenses se sont révélées beaucoup plus sérieuses qu’on ne l’avait escompté, tombe aux mains des Américains. Le général Bradley, commandant de la Ire armée U.S., peut désormais espérer enfoncer le front ennemi vers le sud. Ce sera l’objectif de l’opération « Cobra, » déclenchée la semaine suivante.
Opération Cobra
Le général Patton, commandant de la IIIe armée U.S. Iance ses 4e et 6e divisions blindées vers Coutances, pris le 28, puis vers Granville, qui tombe le 30, et, enfin, vers Avranches, atteint le lendemain. Dans la foulée, les tanks américains s’emparent de Pontaubault et de son pont sur la Sélune, ouvrant ainsi aux forces alliées la route de la Bretagne et de la vallée de la Loire. Entraîné par l’allant de Patton, le 8e corps vient de réaliser la légendaire « percée d’Avranches », qui, rapidement exploitée, va donner un rvthme nouveau à la bataille de Normandie. Les Américains prennent coup sur coup Rennes, Vannes et Saint-Malo.
La Bretagne est désormais libérée, même si Brest ne tombe que le 18 septembre et si les Allemands s’accrochent encore aux « poches de l’Atlantique », qu’ils défendront jusqu’au printemps de 1945. Plutôt que de soutenir des combats d’arrière-garde, les Alliés ont en effet préféré pousser leur avantage et lancer une offensive vers le nord-ouest qui libérera les ports de la Manche et du Pas -de-Calais et mènera, dès septembre, les Britanniques de Montgomery jusqu’aux portes d’Anvers.
Patton, pour sa part, va tenter d’encercler par le sud les forces allemandes de Normandie pour les enfermer dans la poche de Falaise. Elles ne seront pas complètement détruites, mais seront malgré tout contraintes de se replier. Au cours de cette action, la légendaire 2e D.B. française du général Leclerc, intégrée à la IIIe armée de Patton va prendre une part décisive à la libération d’Alençon. Patton lance sur Dreux, puis sur Mantes-la-Jolie sa 79e D.I., qui atteint la Seine le 19 août. Les Américains ont prévu de contourner Paris par le Nord et par le Sud sans y livrer bataille, mais l’insurrection qui s’y est déclenchée décide Eisenhower et Bradley à laisser Leclerc foncer sur Paris. Le 24 août, à 21 heures, toutes les cloches de la capitale sonnent à la volée pour célébrer l’arrivée du premier détachement de la 2e D.B. à l’Hôtel de Ville. Le 25, von Choltitz remet sa reddition, tandis que de Gaulle lance à une foule en délire son fameux : « Paris ! Paris outragé ! Paris brisé ! Libéré par lui-même, libéré par son peuple avec le concours des armées de la France ! »
Arrivé avec les premiers groupes de libérateurs, l’écrivain Ernest Hemingway, qui a longtemps vécu à Paris, est allé rendre visite à son vieil ami Pablo Picasso et lui a offert... une caisse de grenades !
Pendant ce temps, le 20e corps d’armée U.S. s’est emparé de Melun et de Fontainebleau, et le 12e corps, affecté à son tour à l’armée de Patton, a liberé Orléans le 17 août, Chartres le 18, Sens le 21 et Troyes le 26. Tandis que les événements se précipitant et que Bradley lance vers le Nord et l’Est ses Ire et IIIe armées, le général Patch a débarqué le 15 août dans la région de Cavalaire, sur la côte des Maures et de l’Esterel. Toulon et Marseille sont prises un mois plus tôt que prévu grâce à la pugnacité d’une armée française retrouvée et, dès le 3 septembre, Lyon est libéré. Le 12, les forces alliées d’Overlord et d’Anvil-Dragoon (nom de code du débarquement de Provence) font leur jonction à Montbard, près de Dijon. Les choses vont désormais très vite. Nancy tombe, puis Epinal. En amont de Metz, l’offensive marque le pas, victime de son propre succès : les états-majors n’ont pas prévu la rapidité de la reconquête, et les problèmes de logistique se multiplient. Du 29 septembre au 4 octobre, Patton doit compter avec une contre-attaque allemande sur Nancy, mais il maîtrise la situation avant de pousser en direction de la Sarre et de la ligne Siegfried. Metz est prise le 15 novembre pendant que Leclerc, rattaché à la VIIe armée U.S., fonce sur Strasbourg pour y tenir son serment de Koufra. Alors que les Américains se préparent à gagner le Rhin et, au-delà, la Ruhr, dont ils prendront le contrôle avec les Britanniques, on apprend, le 16 décembre, que les Allemands viennent de déclencher dans les Ardennes l’opération « Brouillard d’automne » imaginée par Hitler. C’est le 8e corps U.S. de Middleton qui encaisse le choc des panzers lancés vers la Meuse. En quelques heures, le front américain, disloqué, recule de près de 300 kilomètres. Patton s’engage auprès d’Eisenhower à déclencher trois jours plus tard une contre-attaque de flanc. Pari difficile à tenir, mais le bouillant général va réussir à faire pivoter sa IIIe armée vers le nord-ouest et à la lancer au secours de la 101e Airborne de Mac Auliffe, qui défend Bastogne. Le 26 décembre, les parachutistes encerclés reçoivent le soutien de la 4e division blindée U.S. et, bientôt, les troupes allemandes, privées de carburant et desservies par le beau temps qui permet aux Américains d’exploiter à plein leur maîrise du ciel, doivent mettre un terme à leur dernière offensive. La progression alliée peut désormais reprendre. Au sud, le 6e groupe d’armées U.S. de Devers et la Ire armée française du général de Lattre-de-Tassigny réduisent la poche de Colmar. Le Rhin est atteint le 7 mars au nord de Coblence par la 9e division blindée de la Ire armée du général Hodges, qui s’empare du pont de Remagen. Le 25 avril à 16 heures, à Torgau, sur l’Elbe les hommes de la 69e division de la Ire armée américaine font leur jonction avec les Soviétiques de la 58e division de la garde ukrainienne de Koniev.
Le 7 mai à 2 h 45, les Allemands capitulent à Reims. Comme en 1918, mais au prix de sacrifices infiniment plus lourds, les Etats-Unis ont pris une part décisive à la victoire, et la paix qui s’installe en Europe doit, une nouvelle fois, beaucoup à l’Amérique.